Chansons de Barbès
La Chanson de Barbès 1848
Maintenant nous l’avons Barbès
Il a la tête solide
Souvent il nous avait promis
Paris la grande
Et vous pouvez trembler
Vous tous les royalistes
Il vous faudra rentrer
Chacun dans sa guérite
Si vous voulez en sortir
Vous danserez en musique
Et nous vous dirons comment
Vive la République
Le roi en avait les cheveux blancs
Il fît bâtir des redoutes
Pour combattre Paris
Lui et toute sa troupe
Il pensa bien mourir
Quand il vit son armée
Qui refusait d’obéir
A ce qu’il lui commandait
Il signa sa démission
Et s’en alla tout de suite
Sans même nous dire adieu
Vive la République
La Cançon de Barbès
Ara l’avèm Barbès
A la tèsta solida
Sovent l’avia promes
Paris la granda vila
E podètz tremolar
Totes los reialistas
E vos caldrà dintrar
Cadun dins sas gueritas
se ne voletz sortir
Dansarètz en musica
E vos direm consi
Viva la Republica
Lo rei n’avia l’pel gris
Fasquèt far de redobtas
Per combattre Paris
El e tota sa tropa
Se pensèt de morir
Quand vejèt son armada
Que volia pas servir
A ço qu’i comandava
Fasquèet sa demission
E partisquèt de suita
Sense nos dire adieu
Viva la Republica
Anecdote : En 1973, lors d’un mariage sur Villalier, on a entendu le père de la mariée reprendre à cette occasion ‘la Cançon de Barbès’ !
Elle fut également chantée lors de la manifestation occitane du 22 octobre 2005 à Carcassonne. Manifestation occitane
A barbès (à la mémoire de Barbès)
Du grand Barbès, républicains de France
Avez-vous bien gardé le souvenir
Lorsqu’a sonné l’heure de délivrance
Sachons enfin honorer un martyr
Pour élever, noble et touchant symbole
Une statue au héros plébéien
On tend la main à plus humble obole
Français donnons pour ce grand citoyen (bis)
Anecdote : Cette chanson accompagnait le bulletin de souscription pour la statue de Barbès (1881).
Hymne à Barbès de Achille Rouquet
Taillé d’un bras puissant, ayant au front l’étoile
Qu’allume l’immortalité
Nous avons vu surgir, dégagé de son voile,
L’Apôtre de l’humanité
Il portait de nos droits l’invincible bannière,
Du peuple il fut le défenseur ;
Qu’à jamais, sublime penseur,
Il rayonne dans la lumière !
Malgré la tyrannie implacable et profonde,
Soldat d’un meilleur avenir,
Il combattait sans peur afin que sur le monde
L’aube promise pût grandir.
Dans les fers, en exil, victime expiatoire ;
Il dévouait, plein de fierté
Ses forces à la liberté
A l’injustice sa mémoire.
Ses ennemis disaient en un langage acerbe :
Que son rêve meure avec lui !
Mais l’idée a vaincu dans un élan superbe.
Resplendissant son jour à lui.
Et du Nord au Midi, du couchant à l’aurore
Le peuple est venu triomphant
Saluer son illustre enfant
Dont le nom le protège encore.
Si la haine, devant ta face éblouissante,
Insultait à tes pieds d’airain,
O Barbès ! Tu n’aurais, pour sa rage indécente
Qu’un mépris large et souverain
Et toi, peuple, qui mets l’éternelle auréole
Autour du front de tout martyr
Conserve bien son souvenir
Et qu’il devienne ton idole.
CHŒUR (Après chaque strophe)
Soutenant de nos droits l’invincible bannière
Du peuple il fut le défenseur ;
Qu’à jamais, sublime penseur,
Il rayonne dans la lumière !
Achille Rouquet (1851-1928) est un poète carcassonnais, fondateur en 1886 de la Revue de l’Aude.
Cantate pour l'inauguration de Sa statue
Dressons dans le marbre ou l’airain,
L’image auguste de ces hommes
Qui nous ont fait ce que nous sommes :
Un peuple libre et souverain
Bravant mort, exil et géhennes,
Contre les rois ils ont lutté,
Et fondé notre liberté
Avec des bras chargés de chaînes.
Barbès, tu fus un de ceux-là :
Preux de l’indépendance humaine,
En toi vibra l’âme romaine
Des Brutus et des Scoevola ;
Captif de la force publique,
Chacun de tes jours de prison
Elargissait notre horizon
Et rapprochait la République.
Dresse la tête dans l’azur
Qui baigne la terre natale !
Ne crains pas de crise fatale !
La France est libre et son sol sûr.
Qui pourrait arrêter la marche
D’un peuple allant vers le progrès ?
Les vents sifflant dans les agrès,
Ne sauront plus arrêter l’arche.
O sainte révolution,
Comme un soleil tu nous éclaires !
Malgré l’orage et ses colères,
Toujours perce quelque rayon.
Et ta lumière sait atteindre
Si profondément dans les coeurs
Qu’elle pénètre les vainqueurs
Dont le souffle croyait l’éteindre.
Ton jour est enfin arrivé
Tu rayonnes sur la patrie.
Plus de roi ! Plus de tyrannie !
Plus de fer à nos pieds rivé !
Et si jamais, de leurs repaires,
Quelques tyrans sortaient encor,
Nos voix, dans un commun accord,
Rediraient le cri de nos pères :
« Aux armes citoyens ! Formez vos bataillons !
Marchez ! Qu’un sang impur abreuve nos sillons : »
Louis Metge